de son époque qui prétendent



administratives. Il porte sur son sautoir deux plumes entrecroisées. Mémoire de la loge, dans la tradition ancienne des scribes, il a pour fonction, en plus des tâches administratives, à rédiger les planches tracées qui mentionnent l'essentiel du contenu des précédents travaux, en consignant par écrit leurs lignes directrices.

La Lune est derrière le Secrétaire au R.E.A.A. et au R.F., elle est signe des travaux domestiques, du foyer, du passé, des archives, ce qui correspond particulièrement à sa fonction. La lumière de la lune est une émanation par reflet de celle du soleil, tout comme la planche des travaux précédents doit être le juste reflet de tout ce qui s'est passé et dit en loge. Cette mémoire de la loge rappelle les décisions prises, permettant de réactualiser leur exécu­tion et de poursuivre le travail entrepris précédemment.

Si les paroles s'envolent, les écrits restent. La tradition orale n'étant plus considérée comme suffisamment fiable, l'écrit a prévalu sur la mémoire orale, trop fugace. L'écrit demeure, laissant une trace concrète de la pensée. Il constitue un témoignage qui, en cas de litige, peut servir de preuve à charge ou à décharge. Le Secrétaire est, selon l'origine du mot, dépositaire de secrets.

Il est intéressant de noter que, selon une esquisse de terminologie tech­ nique du Soufisme, Ibn 'Arabî définit la plume (al-qalam) pour désigner la science analytique tout en étant d'abord un symbole de l'intellect premier et l'encrier (an-nûn) pour désigner la science synthétique. 452 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE 9 Le Trésorier

Le Trésorier siège en tête de la colonne du midi. Il est chargé de percevoir les coti­sations, les droits d'admission et d' augmen­tation de salaire. Il est dépositaire des métaux et valeurs appartenant à la loge. Il acquitte les dépenses justificatives sur ordre du Vénérable Maître. Pour toutes sommes encaissées, il délivre un reçu détaché d'un carnet à souches. Ses comptes sont vérifiés par le Vénérable et arrêtés une fois par an.

Une copie de ces comptes est transmise au Grand Secrétariat de l'obédience concernée. Le Trésorier est également responsable du paiement régulier des redevances de la loge à l'égard du trésor principal de son obédience. Il présente un compte rendu financier au cours de la tenue d'installation du collège des officiers. Il doit s'opposer à toute initiation, augmentation de salaire, affiliation, démission, élection, ainsi qu'à la délivrance de titres et diplômes, tant que les intéressés n'ont pas acquitté complètement les capitations ou autres droits de passage.

On peut qualifier le Trésorier de gestionnaire des comptes de la loge. Il gère ses métaux, de même qu'il en dépouille rituellement les profanes qui doivent être reçus apprentis. Il lui revient aussi la tâche ingrate de collecter les cotisations annuelles des membres actifs de la loge. En ayant la respon­sabilité des comptes, il garantit la survie temporelle de l'atelier, ce qui est nécessaire au plan strictement matériel. Le Trésorier porte en sautoir deux clefs entrecroisées, qui lui donnent le pouvoir de lier et de délier, ou d'ouvrir et de fermer le trésor de l'atelier. Ce symbole axial de la clé représente aussi un sésame, ouvre- toi.

On peut s'interroger sur la raison qu'il y a d'avoir deux clefs au lieu d'une, une serait pourtant suffisante pour assurer son office. En fait, il est probable que 1'existence de ces deux clés entrecroisées en forme de croix de Saint-André, liées par un ruban, soit dûe à l'imagination d'un brodeur pour des raisons d'esthétique et d'équilibre du motif. On peut penser la même chose des deux plumes entrecroisées du Secrétaire, comme des deux cannes entrecroisées du Maître des Cérémonies. Un seul de ces éléments est suffi­sant et nécessaire à chaque fois, pour désigner symboliquement l'office concerné ... A moins qu'il n'y ait une influence de l'héraldique dans cette représentation.

LES OFFICES ET LES OFFICIERS 10 L'Hospltaller

Dans les anciens statuts !'Hospitalier est qualifié aussi d'Aumônier ou d' Élémosinaire. L'Hospitalier siège en tête de la colonne du nord. Il recueille en loge les dons faits au tronc de bienfaisance. Sa caisse est indépen­dante de celle du Trésorier. Les fonds qu'il gère sont exclusivement destinés à secourir des frères dans la détresse. L'Hospitalier délivre, sur instruction du Vénérable Maître, des sommes destinées aux membres de la loge dans le besoin ; cependant la Flg.122 -Bijou de l'Hospltaller. pratique de la bienfaisance maçonnique s'étend au-delà des membres de la loge.

Il est responsable devant le Vénérable de l'emploi des fonds qui lui sont confiés. Il rend compte de sa gestion en faisant un bilan annuel à l'atelier lors de l'installation du nouveau collège. A chaque tenue de loge, !'Hospitalier fait circuler le tronc de la Veuve pour recueillir l'obole des frères. Au XVllle siècle, ce tronc était appelé « boîte des pauvres », puis « tronc de bienfaisance ».

Au XIXe siècle l'Hospitalier rendait compte de tous les actes de bienfai­ sance exercés par la Loge lors de l'Assemblée destinée à célébrer la fête de l'Ordre au solstice. Il devait présenter à chaque trimestre ses registres de recette et de dépense, afin que la loge puisse connaître l'état de la caisse des secours. Par ailleurs il était bien précisé : Lorsqu 'un membre de la loge sera malade, Hospitalier tâchera de se faire confier les papiers maçonniques de ce Frère, lesquels lui seront remis s'il est rendu à la vie, et déposés dans les archives de la loge, si elle a le malheur de le perdre, afin que ces papiers ne tombent point dans des mains qui pourraient en abuser. Il en sera de même des bijoux et habits maçonniques qui appartiennent à la loge11• Il est dommage que cette précau­tion ne soit plus observée de nos jours, elle éviterait bien des pertes et destructions imprévues et malencontreuses.

La fonction de !'Hospitalier est toute de nuances, de subtilité, de tact, de discrétion et d'efficacité, car il participe et s'associe aux joies et peines des membres de la loge en étant auprès d'eux le porte-parole de l'atelier. Il doit apporter encouragement et réconfort fraternel à tous, mais éventuellement 11. Règlements particuliers de la loge de la Parfaite-Union à l'Orient de Douai, 1806, pp.24 et 25.

454 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE avec !'accord du Vénérable, secourir moralement et matériellement un frère dans le besoin. Autrefois c'était bien souvent le médecin de la loge. Il représente le cœur rayonnant de la loge qui est !'emblème de son sautoir. Il met en œuvre le devoir de solidarité fraternelle. Sa fonction montre l'interdépendance des membres de la loge. Agir pour soi exclusive­ ment, c'est agir contre la partie de soi qui est liée à autrui. Par la pratique de l'entraide, chacun prend conscience à la fois de son état de dépendance et des conditions de son développement. La vie est un perpétuel échange entre donner et recevoir.

L'Hospitalier montre dans sa fonction qu'il est nécessaire de redistri­ buer les dons faits au tronc hospitalier, pour les besoins du groupe. Le réconfort qu'il prodigue n'est pas seulement financier mais aussi moral, il lui faut toujours faire preuve d'une grande écoute et de qualité de discer­nement concernant le bien fondé de son action. Les qualités demandées à !'Hospitalier sont de bien connaître les membres de son atelier, c'est pour­quoi, vu son expérience, il est souhaitable dans la mesure du possible qu'un ancien Vénérable remplisse cette fonction. t t L'Expert

Si le Vénérable donne la lumière, !'Expert guide les candidats au cours des épreuves initiatiques. Il s'assure des quali­tés maçonniques des visiteurs maçons. L'Expert est chargé de !'ordonnance des cérémonies d'initiation et des passages au grade de compagnon et à la maîtrise. Il veille à toute mise en œuvre du rituel.

Si au R.E.A.A., !'Expert est au pied de l'Orient, en tête de la colonne du nord, Flg.i23-BIJou de !'Expert. sur un siège séparé, en avant du plateau de !'Hospitalier, au R.F. il est au pied de l'Orient, en tête de la colonne du midi, sur un siège séparé, en avant du plateau du Trésorier. Les emplacements de !'Expert et du Maître des Cérémonies sont inversés, bien que se faisant toujours face, en fonction du Rite pratiqué. Au Rite Français Moderne (ou Rétabli) il y a un premier et un second Expert. Ce n'est pas une fonction d' adjoint (il en est de même pour le 1er et 2e Maître des cérémonies), mais une fonction à part entière.

LE.S OfflCE.S E.T LE.S OFFICIERS

Selon Bazot12 ' dans l'intérieur de l'atelier, le premier Expert doit être constamment attentif à ce qui se passe et signaler tout bas, sans ménagement, mais aussi sans affectation, à l'un ou l'autre Surveillant, les inconvenances que pourraient se permettre les FF. ·. de l'une ou l'autre Colonne. C'est le deuxième Expert que l'on appelle Frère Terrible. Il aide ou remplace le premier Expert, à ce titre, dans la présidence de la Loge. Le deuxième Expert remplit ordinai­rement les fonctions de Frère Terrible ; alors il prépare ou conduit les aspi­rants ... Le Frère Terrible répond, en homme d'honneur, du récipiendaire, qu 'il doit regarder comme un dépôt sacré.



Un tuileur de 18 1213 fournit des explications extrêmement précises dans la rubrique « Principes généraux », concernant le choix du maçon qui remplira la fonction d'Expert :

L'architecte, s'il y en a un dans la loge, ou le F. ·. M.·. expert ne doit être, dans toutes les loges, celui qui fait les fonctions de F. ·. tuileur ; cependant, comme ce F. ·. peut être absent, le Vén. ·. doit connaître assez la farce de son atelier pour savoir par qui il doit être remplacé. Le M.·. Expert ne doit donc être choisi, autant qu'il est possible, parmi les ex-Vénérables. Il doit posséder les hauts grades et être familier à leurs travaux; car s'il se présente un visiteur décoré de hauts grades, il faut qu'il soit en état de le tuiler, pour s'assurer que ses connaissances répondent à ses décorations.

Autant qu 'il est possible, le tuileur doit être décoré d'un beau physique ; cela prévient les visiteurs en faveur de la loge qu'ils ne connaissent pas encore.

La plus grande affabilité doit régner dans l'abord du F. ·. tuileur et dans sa conduite envers les visiteurs.

Cette affabilité ne doit exclure ni la dignité, ni la réserve qu 'il convient d'avoir avec quelqu'un dont on n'est pas sûr.

Le tuileur ne saurait mettre trop de délicatesse dans son emploi ; il doit paraître persuadé que le visiteur est ce qu'ils 'annonce ; mais obligé par état de s'en convaincre, il lui en doit quel qu 'excuse.

L'essentiel d'un visiteur est qu'il réponde pertinemment aux questions faites par le F. ·. tuileur, et qu 'il lui dise à quel orient il a été reçu, quels sont les mots sacrés et de passe, et l'attouchement du grade sur lequel on le tuile.

L'Expert est spécialement chargé de s'assurer avec la plus grande atten­ tion des qualités maçonniques de chaque visiteur, de le tuiler et de donner son avis au Vénérable Maître sur son introduction. A l'origine, la fonction de T uileur était distincte, car il se tenait en sentinelle à l'extérieur de la porte du temple. L'Expert doit préparer et diriger les épreuves, introduire et diriger les initiés dans leurs voyages. Il lui incombe aussi de recueillir les boules ou les bulletins de vote, auprès de chaque votant et d'assister au dépouillement du scrutin.

12. Bazot Étienne, Franc-Maçon et Guide des Officiers de Loge, Paris, 1845, p. 40.

13. L 'Unique et Parfait Tuileur pour les trente-trois grades de la Maçonnerie Ecossaise, sans aucune exception, traduit de l'anglais, 1812, Bibliothèque André Doré, pp.4 et 5.

456 LA SYMBOLIQUE. MAÇONNIQUE. DU TROISIÈME. MILLÉNAIRE.

Il est le conducteur des âmes lors d'une initiation, car il guide le réci­piendaire tout au long des cérémonies, que ce soit pour l'initiation au grade d'apprenti, l'augmentation de salaire du grade de compagnon et l'élévation à la maîtrise.

Il assure aussi la sécurité des travaux en garantissant, par le tuilage, la qualité maçonnique de chacun des visiteurs. Tourniac rappelle que le mot tuileur désigne une fonction dans le métier de la construction, qui vise à assurer la couverture du gros-œuvre et, par extension, à couvrir la loge et ses travaux. Dans ce dernier cas il sert à vérifier par questions, signes, mots sacrés, mots de passe, attouchements, âge rituel, etc., la qualité maçonnique d'un visiteur. Les livres intitulés Tuileurs offrent ainsi une documentation sur les rites et leurs rituels, sur les symboles, tableaux de loge, noms et mots, âges maçonniques, habillement, en résumé, toutes questions et réponses du Tuilage et ce, pour l'ensemble des grades des différents systèmes, ou corps, de la franc-maçonnerie spéculative 14. Le fait de ruiler est défini dans le Vocabulaire des francs-maçons (en 1805) comme un verbe actif qui signifie examiner un franc-maçon, pour s'as­surer s'il l'est réellement et s'il est régulier. C'est le travail de l'Expert qui, est chargé d'examiner si les visiteurs qui se présentent, sont en règle l 5.

En 174 5, la fonction de T uileur n 'est pas comprise parmi les emplois de la Maçonnerie, parce que cette fonction qui consiste à tracer sur le plancher de la Loge les figures nécessaires à la réception, soit des compagnons, soit des Maîtres, est exercée par le premier Frère qui se trouve en état de les crayonner, ce qui se fait sur le champ avec de la craie 16.

On ne peut dissocier l'Expert du Vénérable car il se rattache directe­ment au centre que représente celui-ci, en tant qu' entité directrice non agis­sante. Il exécute tous les ordres du Vénérable, qui est le principal axe immobile, concepteur de l' œuvre. Si l'Experr est actif en apparence dans la mesure où il exécute ponctuellement les directives du Vénérable, il est passif dans la mesure où il ne décide rien de lui-même, c'est-à- dire qu'il n'agit jamais de sa propre initiative.

Au RE.A.A., l'Expert trace l'enceinte sacrée, ouvrant et fermant le tapis de loge lors de chaque tenue et disposant les trois grandes lumières sur l'au­tel des serments, en fonction du grade pratiqué. De même, il croise son épée avec la canne du Maître des Cérémonies au moment de l'invocation au G:. A:. D:. L'U:. et capte, dans le triangle le plus élevé, l'énergie spirituelle qui éclaire la loge.

14. Chappron : Nécessaire maçonnique, préface de .Tourniac, Ed. Dervy, 1997 p.7.

15. Laurens Jean-Louis, Vocabulaire des FF MM. suivi des constitutions générales de 'Ordre de la franc-maçonnerie. 1805, réimprimé en fac-similé par Gutenberg reprint, 1980. 16. Le Sceau rompu, op.cit, p. 26.

LES OFFICES ET LES OFFICIERS

Si le premier Expert donne au second des instructions sur la manière de traiter le récipiendaire, c'est alors comme une consigne militaire, et le deuxième Expert devra les suivre avec fidélité. Bazot précise : Les fonctions de Frère Terrible sont toutes dans l'intérêt de la Loge et non un objet d'amour-propre ou un passe-temps pour le Frère qui est chargé de les remplir.

En 1745, Il est précisé que la fonction de Frère Terrible n'est qu 'un emploi momentané. On l'appelle ainsi parce qu'il est armé d'un glaive comme !'Ange Exterminateur, pour éprouver la fermeté du Récipiendaire17. Ce nom de Frère Terrible est donné aussi parce qu'il déshabille le réci­ piendaire dans la chambre noire, observant un profond silence avec un air sérieux, ce qui, joint à l'obscurité du lieu, produit nécessairement quelque impression sur l'impétrant. A l'origine, le second Expert avait reçu ce nom parce qu'il entrait dans sa fonction de terrifier les récipiendaires pour mieux mettre leur courage à l'épreuve. En outre, chargé de tuiler les visiteurs, il se montrait impitoyable vis-à-vis de ceux qui répondaient mal aux questions rituelles du tuilage ou qui ignoraient les mots, les signes et attouchements.

Sur le sautoir de l'Expert se trouvent un œil, symbole de vigilance, qualité essentielle pour un Expert, mais aussi une épée s' entrecroisant avec une règle. La règle est symbole de rectitude, de droiture et la garantie de la bonne observance du rite, mais aussi de la mesure dont doit faire preuve !'Expert. L'épée, symbole axial, est pointée vers le haut, quand il est à l'ordre; arme défensive l'épée sert à préserver la tradition et les rites initia­tiques contre les profanations éventuelles. L'Expert est le premier des trois officiers sans plateau. Sa fonction étant essentiellement mobile, comme l'était celle des Diacres chez les Antients. Il doit être prêt à se déplacer sur ordre du Vénérable à tout moment et ce, silencieusement, en rappel de ce qui est mentionné au Livre des Rois (1 Chronique 6, 7) au sujet de la construction du Temple: ni marteau, ni hache, ni autre instrument de fer ne fut entendu dans le temple durant sa construction. Dans le même esprit on peut noter qu'il est nécessaire que les déplacements du Maître des Cérémonies et du Couvreur s'effectuent de la même manière, c'est-à-dire en silence. 17. Le Sceau rompu, op.cit. p. 26 et 27.

458 LA SYMBOLIQUE. MAÇONNIQUE. DU TROISIÈME. MILLÉNAIRE. 12 Le Maître des Cérémonies

Le Maître des Cérémonies est chargé de la réception des visiteurs et annonce les dignitaires maçonniques qu'il introduit avec solennité dans le temple portant toujours sa canne. Il a en charge les outils symboliques, les sautoirs et accessoires divers dont il tient l'inventaire. Avant l' ou­verture des travaux, il prépare la loge et prend toutes les mesures utiles pour le déroulement d'une tenue. L'ordre matériel intérieur de la loge est de son ressort, car il doit veiller à ce que tout ce qui est néces­saire à l'accomplissement du rituel, soit mis en place. Il doit installer et ranger la fig. l 24 Bijou du Maître loge. Cet officier est chargé de conduire la

des Cérémonies. marche pour toute circulation dans le temple, il montre le chemin. De même, il fait circuler le sac des propositions lors de la clôture des travaux.

Au R.E.A.A., faisant face à !'Expert, le Maître de Cérémonies est assis au pied de l'Orient, en tête de la colonne du midi, sur un siège séparé, en avant du plateau du Trésorier. Au R.F. il est au pied de l'Orient, en tête de la colonne du nord, sur un siège séparé, en avant du plateau de !'Hospitalier. Au Rite Français Traditionnel, dit Moderne ou Rétabli, il y a deux Maîtres des Cérémonies qui siègent au nord et au sud, au pied de l'Orient. Le Premier Maître des Cérémonies est devant le Trésorier, alors que le Second est devant !'Hospitalier.

Le Maître des Cérémonies est chargé de diriger le cérémonial ; d'intro­ duire les visiteurs et d'annoncer les dignitaires selon les ordres du Vénérable Maître, de placer les Frères suivant leurs grades et dignité, de faire circuler le sac des propositions et de distribuer les boules pour les votes.

Sa fonction étant elle aussi essentiellement mobile, il n'a pas de plateau.

Il porte en sautoir deux épées entrecroisés avec au centre, une canne rappe­lant qu'elle peut former un triangle lorsqu'elle est croisée avec !'épée de !'Expert lors des invocations d'ouverture et de clôture des travaux au RE.A.A. Il se tient à l'ordre, tenant la canne de façon qu'elle forme une équerre avec son bras. Cette canne devrait être en ébène garnie d'ivoire, c'est-à-dire en matière noble et vivante croisant le métal de l'épée, au moment où le Maître des Cérémonies réalise un triangle ouvert avec !'Expert. Cette canne d'ébène est l'attribut spécifique du conducteur, que chacun suit volontairement.

LES OFFICES ET LES OFFICIERS

La planète qui lui est attribuée est Mercure dont le symbole peut être assimilé au mouvement et à la rapidité (en astronomie on a découvert que c'est la planète Mercure qui tourne le plus vite sur elle-même, en 88 jours, alors que la terre le fait en 365 jours). Il conduit les voyageurs, pose des bornes et aide à les franchir.

Chargé de rendre les honneurs maçonniques au nom de l'atelier, le Maître des Cérémonies va chercher les dignitaires sur les parvis et les annonce à la porte de la loge avant de les introduire avec solennité. De même il veille à ce que chaque membre de la loge soit à la place qui lui revient. le Maître des Cérémonies fait toujours face à !'Expert, soit au R.E.A.A., en tête de la colonne du midi sur un siège séparé, en avant du plateau de Trésorier, soit au R.F.en tête de la colonne du nord.

C'est le Maître des Cérémonies qui prépare le candidat pour une audi­ tion sous le bandeau et le conduit en guidant ses pas. De même il aide !'Expert à préparer les candidats à l'initiation et à leur faire passer les diffé­rentes épreuves.

Il est souhaitable que les déambulations du Maître des Cérémonies se fassent avec solennité et sobriété, selon un rythme calme et posé. 13 Les Diacres

L'usage des Diacres est totalement inconnu des Modems et donc au Rite Français. C'est un office spécifique des Antients qui subsiste encore de nos jours au Rite Anglais de Style Émulation. Cette particularité spécifiquement anglaise a par contre existé au Rite Ecossais Ancien et Accepté, il en est fait mention dans le Guide des maçons écossais, daté de 5800 (ou 1800) à Edimbourg, texte de référence de ce rite.

Le mot Diacre vient du latin diaconus, issu lui-même du grec diakonos, et signifie ministre, serviteur. Dans la tradition chrétienne, les diacres furent institués au nombre de sept par les apôtres. Leur fonction consistait à servir aux agapes, admi­nistrer le pain et le vin aux commu­ nions et distribuer les aumônes.

Au Rite Anglais de Style Émula­tion, les deux Diacres ont, avec le Couvreur, le statut d'officiers assis­tants des trois principaux officiers qui dirigent la loge. Avec le Maître des Cérémonies, les deux Diacres circulent librement dans toute la loge. Ils transmettent les ordres du 460 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE Vénérable Maître aux Surveillants, ils n'agissent jamais de leur propre initiative. Il leur est demandé d'exécuter les instructions en due forme conformément à ce qui leur a été enseigné, ce qui requiert de leur part une bonne connaissance du rituel et de sa gestuelle.

La fonction principale des Diacres consiste, selon certains usages, à conduire en cortège le Vénérable et les Surveillants à leurs plateaux, à intro­duire les candidats en loge et à les guider.

Le Premier Diacre siège à la droite du Vénérable Maître (sans toutefois être assis sur l'estrade). Il transmet les ordres du Vénérable au Premier Surveillant. Sa fonction est essentielle, aidé du Second Diacre, lors d'un passage au grade de compagnon ou d'une élévation à la maîtrise, car il guide le récipiendaire dans toutes les circumambulations.

L'office du Premier Diacre consiste à porter tous les messages ou ordres du Vénérable Maître au Premier Surveillant, et s'il y a lieu d'attendre leur exécution, qui se fera dans un second temps, par l'intermédiaire de l'agent de transmission qu'est le Second Diacre.

Celui-ci siège à la droite du Premier Surveillant. Son office consiste à porter du Premier au Second Surveillant tout message du Vénérable Maître et de veiller à leur stricte observation. Il dispose et change les tableaux de chaque grade, lors de l'ouverture et de la clôture des travaux. Le Second Diacre a la charge de conduire le candidat à l'initiation, il doit faire preuve de courtoisie et de maîtrise pour guider le postulant. On dit souvent que c'est le rôle le plus important de toute la maçonnerie.

On peut considérer que les diacres, ayant une fonction d'exécution sur ordre, n'ont pas la nécessité de siéger derrière un plateau, puisque leur fonc­tion est essentiellement mobile. C'est une fonction d'énergie en acte.

Dans son article L 1nitiation, il y a deux cents ans, Martin Harvey indique que les diacres portaient des baguettes noires longues de sept pieds18• De 1790 à 1820, le bijou des Diacres chez les Antients représentait Hermès ou Mercure, suggérant clairement qu'il s'agit d'une fonction de messager. Jusqu'au début du XIXe siècle l'emblème du Diacre représentait Mercure portant une baguette et un casque, un globe sur son pied gauche et sa main droite tenant un caducée. Le bijou de chacun des Diacres était alors légèrement différencié, contrairement à l'usage actuel, qui veut que les bijoux soient identiques pour les deux fonctions. Après 1820, la Grande Loge Unie d'Angleterre a opté pour le symbole d'une colombe portant un rameau d'olivier, rappelant son rôle de messagère de paix auprès de l'arche de Noé. La représentation de cette colombe a présenté des variantes graphiques selon son origine anglaise, irlandaise ou écossaise.

18. Harvey Martin, L 'Initiation, il y a deux cents ans, le Symbolisme N °388, janv-mars 1969, p.103.

LES OFFICES H LES OFFICIERS

Mercure est ce dieu romain aux sandales et bonnet ailés, attributs de la mobilité. Il court entre ciel et terre. L'insaisissable Mercure est le messager des dieux et le conducteur des âmes. Il est celui qui ouvre toutes les voies. Hermès porte le caducée, cette verge d'or autour de laquelle s'entrelacent deux serpents qu'il a réconciliés, car il est celui qui apaise les conflits et dépasse les contradictions. C'est encore lui qui facilite les échanges et permet de les réaliser, que ce soient entre les dieux et les hommes ou entre les hommes et eux-mêmes. Il est difficile de déterminer la raison pour laquelle Mercure s'est métamorphosé en colombe dans !'emblématique des Diacres. Néanmoins on peut établir un lien évident entre ces deux symboles qui représentent tous les deux la grande mobilité de la fonction et son rôle de messager de paix et de guide. La colombe de l'arche vole pour trouver un lieu de repos, elle parcourt le monde, cherchant pour tous une halte. Elle vole pour trouver le rameau du salut et apporter la bonne nouvelle d'une terre d'ancrage où pourra stationner l'arche (Noé signifie repos). La surface des eaux survolée par la colombe de Noé marque la limite du formel avec l'informel. La colombe portant un rameau d'olivier, met en évidence sa fonction de messagère de lumière et de paix. Sa vertu est celle de la simplicité. La colombe est symbole d'innocence à cause de ses formes simples, mais aussi parce qu'elle est souvent blanche, couleur attribuée à cette vertu. La colombe est tournée vers la gauche, regardant le passé des origines, duquel tout provient.

Dans l'iconographie alchimique, la colombe blanche symbolise l'œuvre au blanc qui succède à !' œuvre au noir, au cours de laquelle la materia prima se transforme en pierre philosophale. A la lumière de cette constata­tion, on peut considérer que les Diacres montrent aussi par ce symbole qui orne leur canne et leur sautoir, le chemin de la réalisation initiatique qui est également à caractère alchimique.

462 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE 14 Le Couvreur

Le Couvreur a une fonction de gardien qui veille sur la ligne très mince qui sépare site la loge en activité, du monde profane et ce, durant toute la durée des travaux d'une tenue, tant que le temple doit être à couvert19 .Il est nécessaire de bien distinguer le Couvreur du Tuileur. Cette dernière appellation désigne un garde extérieur qui tuile les visiteurs, c'est-à-dire qu'il se renseigne pour la loge de l'identité maçonnique des visi­teurs. Aujourd'hui, ce n'est plus le Couvreur ou le Tuileur qui tuile les visiteurs, mais l'Expert.

Le mot tuiler apparaît pour la première fois en 1738. Par tuilage on entend qu'un officier de la loge vérifie la qualité d'un franc-maçon en s'as­surant qu'il possède bien le grade qu'il dit avoir reçu (apprenti, compagnon, maître). Par ses réponses, il justifie qu'il connaît bien l'instruction de son grade. La plupart des auteurs maçonniques considèrent que le Couvreur prend cette dénomination, en rapport avec le couvreur de métier, qui termine un bâtiment en y posant un toit, de même le gardien de la loge est appelé Couvreur, parce qu'il vérifie que la loge est à couvert pour que les travaux commencent20. Cette vérification faite initialement, est prioritaire dans le rituel d'ouverture.

Dans un rituel du XVIIIe siècle, lorsqu'il est demandé de voir si la loge est à l'abri de l'indiscrétion des profanes, il est donné cette réponse signifi­cative : j'ai visité tuile par tuile, gouttière par gouttière. La loge est à l'abri de l'indiscrétion des profanes21.

En 17 43, c'est le dernier apprenti entré qui remplit la fonction de Couvreur :

D -Qui avez-vous trouvé à la porte ?

R -Le dernier reçu des apprentis, l'épée à Ût main.

D -Pourquoi a-t-il l'épée à la main ?

R -Pour écarter les profanes.

19. Lepage Marius, Le Frère Couvreur, in le Symbolisme, nov.1952Janvier 1953, N°2306 p.11 O.

20. Macckey Albert, Encyclopedia of Freemasonry, Tome III, article « Tiler

». 21. The Bonseigneur Rituals, A collection of 18 th Century Ecossais Rituals, Volume I, Latomia, 1996, N°158, p.33.

LES OFFICES ET LES OFFICIERS

D -Où se tiennent les apprentis ?

R -Au septentrion, excepté le dernier reçzil.2•

Il est d'usage de nos jours à plusieurs rites (R.F. et R.E.A.A.) que ce soit le Vénérable descendant de charge qui remplisse cet office, qui fait passer celui qui dirigeait la loge, de l'office le plus élevé, au plus humble, ensei­gnant ainsi que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. La pratique du tuilage n'est pas faite par le Couvreur qui s'assure seulement que les frères sont bien à couvert, c'est-à-dire dans la loge où va se dérouler la tenue. C'est-à-dire qu'elle bénéficie de la protection et de la sécurité requises pour que les travaux ne se déroulent qu'entre francs-maçons.

C'est probablement l'un des offices les plus anciens, car dans les premières loges, le Couvreur armé d'une épée servait réellement de Gardien du seuil. Si le Couvreur est le premier des gardiens du seuil, on peut consi­dérer que !'Expert en est le second. La fonction de Couvreur concerne tout ce qui a trait à la garde des abords, extérieur et intérieur, de la porte, c'est pourquoi il était parfois appelé Frère Terrible à cause de la rigueur et de la vigilance que réclamait sa fonction. Il était recommandé au Couvreur dans une divulgation de tenir fermement le glaive qui écarte les indiscrets non préparés à participer aux travaux.

Anciennement, chaque loge avait deux couvreurs. L'un se tenait à l'ex­ térieur de la loge pour garder les parvis, c'était le Tuileur l'autre gardait la porte intérieure. Cet usage est conservé au Rite Anglais de Style Emulation.

Le Couvreur est assis, sans plateau, à !'occident, en face du Vénérable, c'est-à-dire face à l'orient. 15 Les Sautoirs -

Le sautoir, appelé improprement parfois cordon, n'avait à l'origine qu'un but: suspendre les bijoux et distinguer ainsi les officiers. Il ne possé­ dait aucun sens symbolique.

Les officiers portent leurs sautoirs en collier. Ils ne peuvent pas cumu­ ler en même temps le port du baudrier ou cordon réservé aux Maîtres Maçons qui ne font pas partie du collège d'officiers.

Le sautoir, selon le Dictionnaire encyclopédique Quillet, se réfère aux Ordres de chevalerie : porter un ordre en sautoir, en porter le ruban, le cordon en forme de collier tombant en pointe sur la poitrine.

Le sautoir ou cordon, les bijoux avec les gants et le tablier constituent les décors individuels du maçon. Ils ne sont pas des décorations 22. Larudan Abbé, L 'Ordre des Francs-Maçons Trahi et leur Secret révélé, op.cit. l. Gloton Edmond, Instruction maçonnique aux Maîtres-maçom, Éditions Gloton, 1950, pp. 91-96.

464 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE honorifiques, mais bien les repères visuels des fonctions occupées. Le bijou qui pend au bout du cordon d'officier, est le plus souvent, la réplique des attributs de la fonction brodés sur le cordon. Sautoir Cordon ou baudrier Flg. 127 -Cordon de Maître avec bllou et sautoir d'officier.

16 -Le baudrier ou cordon Furetière23 définit un baudrier comme étant une écharpe de cuir qu'on porte sur l'épaule droite, qui descend sur le côté gauche, et sert à tenir l'épée. Le dictionnaire de l'Académie Française24 précise c'est une bande de cuir ou de toile portée en écharpe sur l'épaule et qui sert à soutenir l'épée. Selon l'expression courante on est ceint d'un baudrier. En astronomie le baudrier d'Orion est un groupe de trois étoiles alignées, dans cette constel­lation. Sur certains cordons de Maître, particulièrement décorés, on retrouve ces trois étoiles brodées. Selon le rituel de 1858, dit du Prince Murat, au grade de Maître du Rite Français, il est précisé : La marque distinctive des maîtres est un cordon bleu placé en bandoulière de lëpaule droite sous le bras gauche ; le cordon rappelle, par sa couleur, que celui qui le porte est maître dans la Maçonnerie bleue,

23. Furetière Antoine, op.cit, Tome 1, A-D.

24. Dictionnaire de l'Académie française, Tome 1, A-Enz, Éd. Imprimerie nationaleFayard, 2005.

LES OFFICES E.T LES OFFICIERS

autrement dit la Maçonnerie symbolique. Au bas de ce cordon est suspendu, avec une rosette rouge, le bijou, qui est composé d'une équerre sur laquelle se croise un compas ouvert à 45 degrés.

On notera que le baudrier ou cordon qu'il est coutume de porter dans beaucoup d'obédiences lorsqu'un maçon visite une loge, correspond vrai­ semblablement à une survivance d'un accessoire vestimentaire indispen­ sable au temps où l'on portait l'épée en loge, et manifestement destiné à la soutenir. Il était constitué d'une bande de cuir ou d'étoffe portée en diago­nale de l'épaule gauche à la hanche droite (comme le montre l'iconographie aux XVIIIe et XIXe siècles). Le port du baudrier ou cordon est encore en usage dans les loges du Rite Écossais Ancien et Accepté et du Rite Français, où les maîtres qui n'ont pas de poste d'officier, portent un baudrier de moire bleu clair, bordé de rouge au RE.A.A., sans liseré au R.F., avec les symboles du grade de Maître. L'épée n'est plus portée en loge que par les membres du Rite Écossais Rectifié.

En fait le mot cordon est devenu un terme vague et un peu passe­partout car il définit soit le sautoir des officiers, soit le baudrier que les maîtres portent dans beaucoup d'obédience, vestige du port de l'épée des gentilshommes maçons du XVIIIe siècle. Quillet définit le cordon comme un large ruban qui fait partie des insignes de certains Ordres de Chevalerie prenant l'exemple du grand cordon de la légion d'honneur. Selon cette définition le cordon désignerait par analogie davantage le sautoir des offices de la loge.

17 -Les bijoux Le qualificatif de « bijou » en maçonnerie revêt différentes significa­ tions parfois un peu complexes. Ils désignent soit le bijou porté au bout du cordon des officiers, soit les bijoux mobiles et immobiles.

Un sautoir muni du symbole de la fonction d'officier est attribué à chacun des membres du collège composant une loge. A !'extrémité du cordon tombant en pointe est suspendu un bijou représentant les attributs significatifs de chaque fonction.

Il a été émis l'hypothèse que les riches décorations, bijoux et ornements dont se paraient les gentilshommes, et tout particulièrement les militaires au XVIIIe siècle, sont probablement à l'origine du port des bijoux en loge. De même, les loges militaires où l'on avait sous le regard les différents uniformes et galons des grades, les colliers d'Ordre, les médailles et décora­tions ou encore les insignes de régiments, ont dû marquer la maçonnerie de leurs pratiques, qu'on trouve également dans certains signes d' ordre25.

25. Lhomme Jean, Maisondieu Edouard, Tomaso Jacob, Nouveau Dictionnaire théma­tique illustré de la ftanc-maçonnerie, éd. Dervy, 2004, pp. 129-1

36. 466 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE

L'ancienneté des bijoux apparaît dans les textes des anciens Catéchismes écossais dès 1696. On y trouve une série de questions et réponses qui répar­tissent les bijoux en trois bijoux mobiles et trois immobiles. Ensuite l'usage des bijoux mobiles s'est étendu à toutes les autres fonctions d'officiers. (Voir le symbolisme de chacun de ces bijoux p. 155 -156).

Les premières Instructions françaises distinguent les bijoux mobiles des bijoux immobiles. La signification des bijoux mobiles concerne directe­ ment la direction du travail en loge et les trois officiers qui la dirigent :

D -De quel usage sont les trois bijoux mobiles et que signifient-ils ?

R L'équerre, qui est le premier de ces bijoux, sert d'ornement au -

maître, et nous fait voir le symbole de la règle de nos mœurs ; le deuxième, qui est le niveau, sert d'ornement au premier surveillant, et marque l'éga­lité qui doit régner entre les Frères (le propre de la Maçonnerie étant de rendre tous les hommes égaux). Le troisième qui est la perpendiculaire, sert d'ornement au Deuxième SurveiUant, et nous marque que c'est d'en haut que nous tenons tous ces biens 26.

Une réponse donnée par un rituel au R.E.A.A. donne un éclairage

complémentaire de ces trois bijoux :

« L'équerre attribut du Vénérable, nous apprend que nous devons régler nos actions sur !'équité. Le niveau, attribut du F :. 1er Surveillant, présente le symbole de l'égalité et nous apprend que la vertu seule nous rend tous égaux.

La perpendiculaire que porte le F :. 2nd Surveillant, doit toujours nous faire souvenir que les grâces nous viennent d'en haut et que nous devons sans cesse demander au G:. A:. de l'U:. celles dont nous avons besoin 27. »

18 -Les épées

Le port de l'épée est attesté dans la maçonnerie française au XVIIIe siècle où beaucoup de postulants, étaient gentilshommes, donc détenteurs d'une épée. Son usage intervient à différents moments du rituel, principa­lement aux moments les plus solennels : ouverture et clôture des travaux, prestations des obligations par le récipiendaire. L'épée est 1'attribut princi­pal des fonctions d'Expert et de Couvreur 28, mais aussi du Vénérable Maître lors d'une réception à un grade.

26. The Bomeigneur Rituals, A. collection of l 8rh Cenrury Ecossais riruals, Volume 1 Tulane University, New Orleans, USA, Laromia, 1996.

27. Les rituels du REAA de la période peu après l'introduction du Rite en France en 1804, Laromia 1993, N°121, p.1-17.

28. Lhomme Jean, Maisondieu Edouard, Tomaso Jacob, Nouveau Dictionnaire théma­tique illustré de la .franc-maçonnerie, Ëd. Dervy, 2004, pp. 174- 175.

LES OFFICES ET LES OFFICIERS

L'épée est constituée d'une longue lame d'acier à double tranchant. Les premières épées étaient relativement courtes et épaisses. Leur lame était en forme de glaïeul, d'où le nom de glaive. Symbole de l'axe du monde elle est identifiable à la croix.

Dans une étude sur le symbolisme de l'épée, Coomaraswamy montre que l'épée est dérivée d'une racine ou d'un archétype qui est l'éclair, en précisant que dans l'usage de la chevalerie chrétienne, épée et croix sont virtuel­ lement identifiées ; ou du moins l'épée peut être employée comme un substitut de la croix de bois pour chasser les mauvais esprits ; elle joue alors, comme la croix, le rôle d'une arme sacrée29.

Ce symbolisme de l'épée est riche et complexe. Celle-ci permet de rendre la justice, elle est symbole de protection, de vigi­lance, de courage, d'autorité et de royauté.

L'épée flamboyante Au Rite Écossais Ancien et Accepté, l'épée posée sur le plateau du Vénérable Maître est une épée flamboyante. Elle est apparue en maçonne­rie au début du XIXe siècle. Elle évoque l'épée placée par Dieu, après la chute, à la porte du jardin d'Eden d'où Adam venait d'être chassé : Et il plaça à l'orient devant le jardin d'Eden des chérubins, et la flamme de l'épée qui se tournait de tous les côtés, pour garder le chemin de l'arbre de vie (Gen.3,24). On notera que, contrairement à ce que l'on croit souvent, cette épée n'était pas tenue par les chérubins.

L'épée flamboyante dont la lame est légèrement ondulée ressemble à une flamme et est étroitement liée au symbolisme de la lumière et du feu. L'épée relève d'un double symbolisme, car elle sert à la fois à écarter du lieu saint quiconque n'a pas qualité pour y pénétrer et à garder le seuil d'un sanctuaire. (Voir p. 150 -152 son symbolisme lors de la consécration par le Vénérable Maître).

Au Rite Français, s'il n'existe pas d'épée flamboyante, c'est qu'il n'est pas considéré que le Vénérable Maître a reçu ses pouvoirs d'un principe divin, ce qui signifie que le récipiendaire est reçu sans être créé c'est pour­quoi une épée flamboyante n'a pas lieu d'être.

29. Coomaraswamy A.K., Le symbolisme de l'épée, in études Traditionnelles N°217, Janvier 1938, pp. 11 à 17. 468 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE fig. t 29 -Épée flamboyante. Chapitre IX Éthique et usages maçonniques CHAPITRE IX ÉTHIQUE ET USAGES MAÇONNIQUES t Les enquêtes

Edmond Gloton souligne combien l'admission d'un profane à l'initia­tion est une chose importante à laquelle on n'apportera jamais assez d'at­ tention. Il ne faut pas prendre la chose à la légère et se dire que l'on verra bien après l'admission si le choix a été bon ou mauvais et que les indési­rables s'élimineront d'eux-mêmes par la suite. Il met en garde contre les risques d'une admission faite à contre-temps qui entraîne souvent des conséquences graves, en disant : celui qui est reçu et, après un temps plus ou moins long, déserte nos temples est un élément qui peut devenir dangereux. D'abord n 'ayant pas assimilé nos enseignements il les dénigrera, les tournera en dérision et c'est parmi ces ex-Frères que l'on rencontre souvent les ennemis les plus acharnés de la maçonnerie 1• Les enquêtes ont pour objectif de s'assurer des motivations sincères et des qualifications du candidat.

Les conditions préalables à toute initiation consistent à vérifier, notam­ment par le biais des trois enquêtes, que le candidat est libre et de bonnes mœurs.

Par libre, on entend que le candidat dispose librement de sa personne, qu'il ne subit aucune contrainte qui soit un obstacle, que son esprit n'est pas inféodé à une idéologie totalitaire. L'expression de bonnes moeurs peut être entendue dans le sens qu'elle avait au XVIW siècle, un sens donné par les Constitutions d'Anderson qui prescrivent de n'incorporer que des hommes loyaux, d'honneur et de probité.

Ces deux conditions préalables étant remplies, il reste aux enquêteurs le soin d'apprécier la valeur du candidat, le sérieux et la profondeur de ses motivations. Parmi les questions auxquelles il est important de répondre : Le (la) candidat (e) demande+il (elle) son admission en toute liberté, faisant une démarche volontaire de cherchant(e), sans subir la moindre pression ou sollicitation de son entourage ?

1. Gloton Edmond, Instruction maçonnique au Maître-maçons, éditions Gloton, 1950, pp. 91-96.

472 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE Le (la) candidat (e) a-t-il (elle) du temps disponible sans être trop absorbé par sa vie professionnelle ?

Le (la) candidat (e) est-il (elle) équilibré (e) ?

Le (la) candidat (e) est-il (elle) perfectible, capable de se remettre sincè­rement en question ?

Est-il (elle) persévérant (e) et capable d'une œuvre de longue haleine ?

A-t-il (elle) un esprit d'ouverture suffisante pour accepter des façons de voir différentes des siennes ?

Poursuit-il (elle) une recherche d'ordre spirituel ?

Sera-t-il (elle) un élément positif pour l'atelier qui l'accueillera ? Que peut-il (elle) apporter à la loge ? Est-il (elle) initiable ?

Certaines loges n'envisagent d'admettre un nouveau membre que par un vote à l'unanimité absolue des voix, cette règle a le mérite de préserver une cohésion de la loge et de permettre d'appeler le (la) nouvel (le) initié (e) mon Frère (ou ma Sœur), non pas seulement du bout des lèvres, mais du fond du cœur.

2 Le parrainage

Du bas-latin patrinus, de pater, père. Dans le manuscrit Wilkinson ( 1727) on trouve la demande et la réponse suivante :

Q -Comment êtes-vous devenu maçon ?

R -Par mon propre désir et la recommandation d'un ami.

Dans !'Ordre des Francs-Maçons trahi la fonction de parrain est mentionnée à plusieurs reprises : Le ftère qui a parlé du récipiendaire à la compagrzie, s'appelle proposant et au jour indiqué pour la réception il a la qualité de parrain 2.

D -Qui vous a procuré l'avantage dëtre maçon ?

R -Un sage ami, que j'ai, depuis, reconnu pour mon frère 3•

Bien souvent cet ami se révèle être le présentateur qui remplit par la suite traditionnellement le rôle de parrain (ou marraine).

Le parrainage d'un profane est considéré dans de nombreuses loges comme une simple formalité, alors que l'accompagnement d'un filleul par son parrain est de première importance pour la bonne progression de celui-ci. Il existe plusieurs sortes de parrainages liés aux différents moyens de recrutement des candidats. Lorsqu'il s'agit d'un proche connu, dont un

2. Pérau, L 'Ordre des Francs-Maçons trahi et le secret des Mopses révélé, 1745, Ëdicions Slackine, reprinc, Genève, 1980, p.33.

3. Guillemin de Sc. Viccor, Recueil précieux de la maçonnerie adonhiramite, 1765, p. 30.

ETHIQUE ET USAGES MAÇONNIQUES

franc-maçon a suscité la candidature, dans la plupart des cas, ce dernier devient le parrain du nouvel initié pour mieux guider ses premiers pas. Il s'agit alors d'un parrainage par cooptation avec des affinités encre deux personnes qui s'estiment ; c'est le meilleur des cas. D'autres parrainages sont d'opportunité. Ainsi des candidats à l'initia­ tion maçonnique ne connaissant personne, peuvent par exemple, faire une demande d'admission par le secrétariat, après l'écoute d'émissions radio­ phoniques ou de reportages télévisés sur la Franc-Maçonnerie. Dans ce cas précis, aidé de son collège d'officiers le Vénérable de la loge où a été proposé le dossier du candidat, devra discerner parmi les maîtres, lequel sera le plus à même de guider les premiers pas du nouvel initié en fonction de leurs affi­nités et caractères personnels.

L'idéal pour un apprenti est de trouver ce que l'on pourrait appeler un parrain spirituel qui aura la capacité de suivre la progression de son filleul avec vigilance, discernement et disponibilité, mais sans dirigisme. De même, le parrain suivra les travaux de passage de son filleul avec attention et lui prodiguera ses conseils.

Le parrainage ne remplit bien son rôle que dans la mesure où un climat de confiance a été établi entre le parrain et l'apprenti, ce qui permet à ce dernier de confier ses doutes et d'exposer les questions qui lui posent problème, qu'il s'agisse du travail en loge, du comportement des membres de la loge, ou de questions de symbolisme, voire de rites.

Avec le Surveillant concerné, le parrain demeure l'interlocuteur privilé­ gié du nouvel initié. Néanmoins, apprenti comme compagnon, celui-ci ne devra pas négliger que les autres maîtres de la loge peuvent être aussi ses interlocuteurs.

À l'origine, le rôle du parrain était d'autant plus important qu'il était tenu responsable du comportement ultérieur du candidat qu'il avait présenté.

3 -Les devoirs de l'apprenti Furetière définit le devoir comme une obligation qu'on a de dire ou de faire quelque chose, soit qu'on y soit obligé par la loi, soit par son écrit, soit par l'honnêteté 4.

Dans la Maçonnerie Adonhiramite ( 1786) il est demandé :

Q -Quels sont les plus grands devoirs d'un maçon ?

R -C'est de remplir ceux de l'état où la providence l'a placé, de fuir le vice et pratiquer la vertu 5.

4. Furetière Antoine, Dictionnaire universel Paris, le Robert, 1978, reprint de l'édition de La Haye de 1690, r. l, A-0.

5. Recueil précieux de la Maçonnerie adonhiramite 1786, Éclitions Les Rouyat reprint 1975, pp. 24 et 25.

474 LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE

Le Guide des Maçons Écossais 6 détaille la somme des devoirs de l' ap­

prenti lors de sa réception ainsi :

Monsieur, toute société a ses lois, et tout associé a des devoirs à remplir ; et, comme il serait imprudent de s'imposer des obligations avant de les connaître, il est de la sagesse de cette assemblée de vous dire quels seront vos devoirs.

Le premier sera un silence absolu sur tout ce que

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